Metal, Romantisme et Romantisme noir : une esthétique du Sublime
- Hécate
- 29 août 2018
- 14 min de lecture

Plus je me plongeais dans les textes des groupes de Metal, que cela soit du black atmosphérique, du pagan, du doom... Plus le rapport entre Romantisme, Romantisme noir et Metal me semblait évident. Primordial a même nommé un de ses albums Dark Romanticism.

Je parle bien entendu du Romantisme avec un grand R. à savoir le mouvement romantique littéraire et artistique qui voit le jour en Allemagne et en Angleterre et se développe en Europe à la fin du XVIIIeme et au XIXeme siècle.
MEMENTO MORI : METAL ET SPLEEN
Quelles sont les caractéristiques du Romantisme ? Tout d'abord c'est le moi tourmenté, l'organisme empli d'atrabile, source physique de la mélancolie, la dépression à son paroxysme, et n'est-ce pas là l'essence même de certaines paroles de Metal ? Empyrium le résume très bien dans son titre Saviour « There is no Pain without Beauty at all » (Il n'existe pas de souffrance sans Beauté) ; Agalloch nous entraîne dans sa dépression « Now darkness is thine sanctum » (maintenant l'obscurité est ton sanctuaire) dans Into the Painted Grey.
La souffrance est érigée au rang de canon de Beauté, elle est célébrée comme acmé de la mélancolie. Le romantisme c'est le lyrisme à son apogée, le mal du siècle, le malaise, le Spleen comme imaginé par Baudelaire. Lui-même définit le Beau comme « quelque chose d'ardent et triste » et ne conçoit pas « un type de Beauté où il n'y ait du Malheur» (Baudelaire, journaux intimes cité par praz p 68). Nocturnal Depression réinterprète un de ses poèmes Spleen, « J'ai plus de souvenirs que si j'avais mille ans », dans son titre Spleen Black Metal tiré de l'album éponyme.
Ensuite, le Romantisme élève le morbide, tout comme la mélancolie comme nous l'avons vu, au rang de canon de Beauté. Comme le dit bien Mario Praz dans La chair, la Mort et le Diable, « Beauté méduséenne, la beauté des romantiques est imprégnée de douleur, de corruption et de mort » (p 65 MARIO Praz). Il puise son esthétique dans la Charogne de Baudelaire où un vulgaire morceau de viande morte devient magnificence. Avec cette « carcasse superbe », la laideur devient beauté. Là encore les exemples de paroles de Metal basées sur l'esthétique du macabre abondent. On pourrait se demander si un style comme le goregrind ou le grind de manière générale s’engouffre dans cette voie mais il n'en est rien. En effet le Grind surfe plutôt sur des visions trash (et non Thrash, le style de Metal) qu'il n'élève en rien au rang de canon de Beauté. Ainsi des groupes comme Sublime Cadaveric Decomposition que l'on pourrait penser en lien avec la Charogne et la tentation de la mort semblent antithétiquement célébrer la vie comme dans The Idea of End : « dare to struggle, dare to live » (ose te battre, ose vivre). A contrario un style de Metal glorifie la mort, il s'agit du DSBM, le Depressive Suicidal Black Metal qui associe tempo lent et cris tourmentés. Un des premiers groupes considérés comme DSBM est Silencer, notamment avec son album
« Death – Pierce Me » :
« Rip My Throat, Drink My Blood, Strangle Me, Drown Me, Give Me Vain And Give Me Pain, Knives Running Through Me, Oh, Master Of Wounds - Cut Me Chase Me, Waste Me, Leave Me In Your Arms »
On trouve ensuite dans la même catégorie Xasthur, groupe américain qui affirme « A key to the exit is death » (« une clé de la délivrance est la mort ») dans « The Darkest Light ». Make a Change... Kill Yourself incite aussi à se rapprocher de la mort avec ces paroles du Chapter II:
« Feel the sun burn your skin and turn to stone. Feel my razorblades tongue And cut yourself deep and desirably. Let the blood run in an overflowing stream And submit to my suicide and yours. Nothing but death in this life is certain. You may be in some state of happiness But none of this will stay real. You are trapped in a spider's web. You might as well just kill yourself. »
La thématique du memento mori (souviens toi que tu peux mourir) et de la vanité sont des éléments récurrents dans le Metal. La vanité est le tableau romantique par excellence même si ce genre apparaît antérieurement. C'est un type de peinture qui nous rappelle que la vie est éphémère et que nous pouvons mourir à tout instant, que la mort fauchera tout le monde sans exceptions. Bien souvent y sont figurés un crâne humain, une bougie allumée et un sablier symbolisant le temps qui s'écoule « tempus fugit », un miroir qui reflète la Vérité et donc l'imminence de la mort, une fleur fanée allégorie de l'éphémère. Draconian utilise le titre Memento Mori pour nous alerter sur la fin imminente qui concerne chacun de nous avec la métaphore de la nuit qui tombe : « Another day has passed by, but still we must not forget that night must fall! ».

LET THE DEVIL IN, la figure du diable
Cette Beauté morbide et triste se voit incarnée dans la figure du Diable lui même, de Satan, l'ange déchu. Là encore des liens indéniables entre littérature et Metal sont à expliciter. AU XVIIIeme se développe le « roman noir » aussi appelé « roman gothique » qui laisse une grande place à la figure du diable. Au XIXeme Chateaubriand, grande figure romantique, publie sa traduction française du Paradis Perdu de Milton ce qui montre l'importance de cet ouvrage à cette époque. De nombreux groupes s'inspirent d'ailleurs de Milton allant jusqu'à reprendre le nom de son œuvre comme nom de groupe (Paradise Lost). Ulver évoque Milton dans ses titres The Voice of the Devil. La figure du diable est récurrente dans les paroles et l'imagerie Metal. Selon Baudelaire, qui n'est pas a proprement parler un romantique (cela reste un grand débat) mais qui utilise les codes du mouvements, « le plus parfait type de Beauté virile est Satan – à la manière de Milton » (Baudelaire, journaux intimes dans Praz p 68). Alors que Sargeist nous incite à nous laisser pénétrer par le diable « Let the Devil in ».Le diable apparaît aussi souvent dans une branche du Metal nommée « la belle et la bête » caractérisée par une alternance de voix masculine caverneuse et de voix féminine éthérée que l'on retrouve dans The Gothic Embrace de Draconian où Lucifer échange avec Deliah.
FAUSTIAN ECHOES : METAL ET HEROS ROMANTIQUES
Les héros romantiques viennent aussi ponctuer les paroles de Metal. Je pense tout particulièrement à Faust qui passe un pacte avec le diable pour assouvir sa renommée. Dans Faustian Echoes, le groupe Agalloch imagine un discours entre Méphistophélès et Faust. Ce dernier lui demande de veiller sur lui « I charge thee, Mephisto, wait upon me while I live... » puis lui offre des louanges « Sublime spirit, thou hast given me all ». Notons ici l'usage de l'ancien anglais avec la forme « thou » pour « you », le Romantisme ayant un goût prononcé pour l'ancien. Dans son titre Faust, Scepticflesh infiltre les pensées de Faust et met en lumière ses volontés démoniaques : « I dreamed the devil was I, My quest complete ».
Ophélie, personnage shakespearien qui connaît une fin tragique, est aussi un personnage récurrent dont l'esthétique imprègne certaines paroles autour de la noyade et une grande quantité de peintres, de Millais à Delaroche. Ghost Bath utilise le tableau de Millais la représentant pour l'artwork de son album Funeral et Saturnus celui de Delaroche pour son album Martyre.
On thorns I lay lui rend hommage dans Ophelia, « O maiden pale Ophelia Your skin is white like diamonds in the snow / But they know / Madness and hysteria turned your flowers into stone ». La thématique de la noyade ou du perdre pied est présente dans de nombreux textes et notamment dans Aurelia de The Fall Of Every Season : « With her empty eyes and her skin as a disguise, walks upon the water. The surface won’t hold her. And no one will catch her. ». On retrouve aussi le même sujet chez Harakiri For The Sky avec you are the scars « I wasn't made for shallow waters, my heart is an ocean… And I think that's where I am right now: Floating, drifting away Too weak to continue swimming, yet not weak enough to give up and sink ». Dans Memento Mori du groupe Anathema « Drowning in the stygian sea /As those voices repeat to me my malediction / Memento Mori /Remember you must die ». Ou encore dans Mighty Black Dimensions de Totalselfhatred : «See the darkness take my heart /see it drown in the black lake ».
Un autre personnages que l'on croise dans des titres de metal et qui est représentatif du Romantisme, noir cette fois, est Frankenstein, le Prométhée moderne. Attention je parle bien de la créature du docteur Frankenstein et non du docteur lui-même car bien souvent le nom est donné au monstre créé et non au docteur comme il se doit. Frankenstein ou le Prométhée moderne est considéré comme un des romans noirs emblématique du gothic revival ou du roman gothique, écrit en 1818 par Mary Shelley lors d'un concours d'écriture en compagnie de Lord Byron, grand poète romantique. On rencontre la créature de Shelley notamment dans abschiedbrief Des Prometheus de Nargaroth.
(Quant à Lord Byron il est cité par le groupe Wisdom dans Silent Hill : "Where there is mystery, it is generally suspected there must also be evil.". John Keats, poète romantique anglais est aussi réinterprété par Dodsengel dans son titre darkness)
LE PAYSAGE MELANCOLIQUE : LE SUBLIME
Le moi tourmenté évolue bien souvent dans un paysage à son image, car d'après Kant « dans le paysage on cherche à capter son propre reflet » p39, où lyrisme et mélancolie sont omniprésents. Rappelons que le terme même de « romantique » désigne un paysage, or au XVIIIeme le jardin à la française géométriquement organisé laisse place au jardin à l'anglaise qui recréé de manière artificielle un paysage plus naturel, irrégulier et chaotique. « Romantic » est d'abord synonyme de pittoresque. La nature est mise à l'honneur et les décors font appel à la notion de Sublime. Qu'est ce que le Sublime ? Le sublime est un concept théorisé par Edmund Burke en 1757 dans A Philosophical Enquiry into the Origin of Our Ideas of the Sublime and Beautiful. Le Sublime transcende le Beau, il est impalpable, incommensurable, et il provoque peur et respect. On le trouve dans les états les plus chaotiques de la nature “dans ses désordres et ses ravages les plus violents » qui évoquent « de la grandeur et de la puissance » p 19 notes de bas de page tirées de la Critique du Jugement, analytique du sublime. Le black metal atmosphérique base tout son univers sur le Sublime car il y est question de grandeur de la nature, de cosmogonie et parfois de dieux anciens. Dans sa Vision III, Anomalie décrit bien ce concept avec ce vers “A monument that I can't touch cause it's to great to rich...” (“un monument que je ne peux pas tocuher car il est trop grand pour être atteint”).
Kant nous rapelle l'archétype du paysage Sublime selon Burke, il est bien sûr tourmenté et dépeint des paysages grandioses montagneux ou des bois “sacrés” : « De grands chênes et des ombrages solitaires dans un bois sacré sont sublimes ; des lits de fleurs, de petites haies, des arbres taillés en figure, sont beaux”. Notons ici que les bois sont qualifiés de “sacrés”, est-ce là une référence au paganisme ? En tout cas nous retrouvons vraiment cet esprit dans le Black Metal Atmosphérique. Sur le site Darklyrics, le mot “woods” trouve 120 entrées et le mot “forest” 299 entrées ce qui prouve l'engouement du metal pour ces atmosphères.
Carpathian Forest - Carpathian Forest
“See and feel, The blackened blade of revenge. Cold white towering mountain, The passage to the land of the phantoms, Deep forlorned woods, Where the gleam of neither light or bliss reach.”
Certains groupes proposent des univers atmosphériques et sublimes comme Musk ox et plusieurs dérivés de black folk ou encore Empyrium.
LA NOCTURNE, CLIMAX DU SUBLIME
Le paysage nocturne est emblématique du Sublime comme le rappelle Kant : « La nuit est sublime, le jour est beau » (p.19 Kant, Observations). Plusieurs groupes rendent hommage aux divinités ténébreuses. Hécate ou Hekate par exemple,déesse grecque et romaine de la lune, donne son nom à un groupe de Black Metal français (HECATE) mais aussi au groupe Hecate Enthroned.


Dans la mythologie elle incarne à elle seule les trois phases de la lune car elle est
« triformis », elle possède trois corps conjoints. Elle est tour à tour « phosphoros », porteuse de lumière, positive, et « skotia », négative, représentante de l'obscurité. Belphegor explicite aussi deux autres aspects de la déesse : elle est “propolos”, c'est à dire guide, mais aussi “chtonia” celle de la terre et des enfers. En effet on parle de déesse “chtonienne” lorsque celle-ci à un rapport avec les mondes souterrains.
“Unnameable goddes - enemy of mankind Guide me in the dead of the night - this waning moon All is ash - return to stone Bitter winter lasts forever - enter the underworld Hekate: ...you could never live forever! “
Nyx, déesse de la nuit et des ténèbres, est aussi mise à l'honneur par certains groupes, mais semble moins populaire qu'Hecate. Ainsi Secrets of the Moon lui dédie un titre éponyme :
“rise o my snake into brilliance of bloom from the corpse of nyx afloat in the tomb “
La lune est aussi mise à l'honneur dans de nombreuses paroles, par exemple avec “Lune malade” de pensées nocturnes.
"Ô Lune, nocturne phtisique,
Sur le noir oreiller des cieux,
Ton immense regarde fiévreux
M'attire comme une musique!
Tu meurs d'un amour chimérique,
Et d'un désir silencieux,
Ô Lune, nocturne phtisique,
Sur le noir oreiller des cieux!
Mais dans sa volupté physique L'amant qui passe insoucieux Prend pour des rayons gracieux Ton sang blanc et mélancolique, Ô Lune, nocturne phtisique!"
Le paysage nocturne est aussi omniprésent, notamment dans les paroles du groupe Les discrets. Ils reprennent en effet un poème de Verlaine intitulé “Effet de nuit” et écrivent un titre “La nuit muette” :
“Certains soirs, lorsque la nuit tombe,
- cauchemars et frayeurs - A mes peurs la raison succombe. Incessantes angoisses transformant l'aimée amante Horreur ! En un triste corps sans âme.”
La nuit devient propice à l'apparition des cauchemars et des pensées négatives. Comme le disait Goya “le rêve de la raison engendre des monstres”.

Le Romantisme tout comme le Metal vogue parfois sur l'antithèse lumière/obscurité, le fameux oxymore « soleil noir ».” Le diable est lui même une figure positive et négative car il est un ange déchu. Mais la plupart du temps c'est le gris qui prédomine et écrase toute couleur existante, comme l'explicite bien Netherbird dans son titre white Noise Sky In Overdrive :
”With all colours paling
And contrasts fading
The desertion of all meaning
So useless and demeaning
With the demise of dreams
Everything is what it seems
The pointlessness of being
The loss of visions for the seeing
Monochrome is my soul Grey, grey, grey, grey! “
Heretoir évoque aussi le gris comme une disparition, un effacement, une dissolution dans Fading with the grey :
“When lights fall collapse from high above you and me will be fading with the grey. “
C'est aussi le cas d'Empyrium dans With the current into Grey :
“I'm staying here
While you disappear
With the current into grey “
Scepticflesh nous submerge sous des “oceans of grey”. Emperor intitule un de ses titres “Grey” et fait se transformer le noir en gris
“where lights are dim and shades of black are grey time appears like a golden calf »
Empyrium, à nouveau, déclare la mort du soleil et le règne du gris dans Autumn Grey View
« My love sinks into a thick grey veil of mist
Trees, leafless trees, the epitaph of the sun
What once was green presents now grey and trist
A gloomy grave, a foreseen death, a symbol for our pain »
CULTE DU PASSE : LE MOYEN AGE FANTASME
Nous évoquions les Dieux anciens, le romantisme c'est également le culte des temps révolus et surtout du Moyen-âge qui est désormais vu comme une période lumineuse et non comme un âge obscur peuplé de barbares décérébrés. « Le Romantisme, dans ses diverses manifestations, s'est massivement tourné vers le passé médiéval […] la réhabilitation du Moyen-âge, méprisé et délaissé par la pensée des lumières, est l'un des éléments essentiels de la révolution opérée par le Romantisme» nous rappelle Isabelle Durand – Le Guern dans son ouvrage Le Moyen-âge des romantiques. Mais ce Moyen-âge est fantasmé, idéalisé, c'est celui du chevalier droit et conquérant, de l'amour courtois, des forteresses, cathédrales, châteaux gothiques comme imaginés par l'architecte Viollet-le-duc pour Pierrefonds (c'est à dire une architecture imaginée comme l'archétype du gothique fantasmé), mais aussi des ruines. Dans la littérature c'est le roman gothique ou roman noir qui utilise cet univers et en arts visuels on parle de « peinture Troubadour » pour la peinture du XIXeme qui emprunte les codes visuels d'un Moyen-âge fantasmé. C'est la mélancolie d'une grandeur passée via la célébration des ruines. Le terme « ruine » trouve de nombreuses entrées dans les paroles de Metal. Evoken avec son In solitary Ruin, ; Fen avec Of Wilderness and Ruin ; Sargeist avec In Ruin and Despair.
evoken, insolitary ruin
sargeist, in ruin and despair
Combien de groupes de Metal empruntent leur univers aux Vikings, au monde médiéval etc... ? Le Pagan Metal regorge d'exemples qui illustrent ce goût pour le passé. Les clichés moyenâgeux semblent se cristalliser dans l'album de Satyricon, Dark medieval times. En effet on y trouve la forêt habitée par des esprits avec Into the Mighty Forest et l'archétype de l'architecture gothique avec The Dark Castle in the Deep Forest. Par ailleurs Misanthrope nous indique qu'« Il est l'heure de chevaucher à nouveau En quête du passé. » dans son titre Medieval Embroidery qui évoque, entre autre, la chevalerie médiévale et la mandragore, cette plante considérée comme magique.
Il est très fréquent de trouver des textes en ancien anglais dans le Metal et notamment avec Estatic Fear, Primordial : « doth thou bring » dans Fallen to Ruin. Primordial créé d'ailleurs le titre To enter pagan dans son album dark romanticism qui semble cristalliser le genre du pagan metal car il revendique son appartenance à la terre et à ses ancêtres et non aux cieux et donc au divin. « I am of the earth My soul is as old as stone »
Make a Change... Kill Yourself, dont nous avons déjà parlé, reste du DSBM mais évoque très bien cet attrait pour le monde païen et le refus du christiannisme dans chapter II :
« Their churches have been burnt, Sick and perverted desecrations have been done. Their regime has ended. It is time for the northern heritage to return. It will create a dark and violent age Where no Christian life shall be spared. »
Comme nous l'avons vu sur le Metal souffle un vent de Romantisme, le plus souvent de Romantisme noir, et toutes les thématiques s'entremêlent. Ainsi Anathema parle de la noyade, peut être d'Ophélie, tout en évoquant le Memento Mori. On thorns I Lay parle de la lune mystique et sublime, tout en rendant hommage à Ophélie « I have a mystic relation with the moon ». Satyricon nous évoque un Moyen-âge fantasmé avec une forêt magique et un château obscur. Primordial dépeint des ruines, symbole romantique par excellence et utilise l'ancien anglais, caractéristique du goût prononcé pour le passé... Et caetera... Mon article ne se prétend pas du tout exhaustif, il y a bien entendu d'autres groupes et genres de Metal à citer que je n'ai pu aborder que cela soit par manque de connaissances ou de temps ou même de connaissances linguistique. En effet je me suis contentée des textes en anglais et français car ce sont les deux langues que je maîtrise. Il reste d'autres thèmes du Romantisme que je n'ai pas traités, notamment la religion et la politique, sujet épineux que je n'ai pas souhaité aborder. Il y aussi souvent des références artistiques puisque je suis diplômée d'un master en histoire de l'art. (les numéros de pages sont ceux d'un ouvrage de Kant paru en 1764, Observations sur le sentiment du beau et du sublime aux éditions Vrin)
les sites internet pour les paroles et les informations sur les groupes : www.darklyrics.com
www.metal-archives.com
Pour aller plus loin concernant le Romantisme et le Romantisme noir :
phipolosophie :
BURKE, Edmund, Recherches philosophiques sur l'origine de nos idées du Sublime et du Beau, écrit en 1757, publié par Vrin en 1990.
KANT, Emmanuel, Observations sur le sentiment du Beau et du Sublime, écrit en 1764, publié par Vrin en 1992.
catalogues d'exposition :
BRIAT-PHILIPPE, Magali (sous la dir. de), L'invention du passé, Tome I et II, Monastère royal de Brou, 2014.
FLORELLE, Guillaume (sous la coord. de), L'ange du bizarre, le Romantisme noir de Goya à Max Ernst, Musée d'Orsay, 2013.
Essais :
LEVY, Maurice, Le roman gothique anglais : 1764 – 1824, Albin Michel, 1996.
PRAZ Mario, La chair, la mort et le diable, le romantisme noir, Gallimard, 1999.
Ouvrages généraux sur le Romantisme :
GENGEMBRE, Gérard, Le romantisme, thèmes et études, Ellipses, 2008
VAILLANT, Alain, Qu'est ce que le romantisme ?, Biblis, 2012.
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